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Drop-out: ces patients qui ne reviennent pas !

Ce phénomène qui amène les patients à venir une seule fois à leur séance puis disparaissent sans laisser de traces, porte un nom : le drop-out.

En effet, tout les thérapeutes, quels que soient les lieux dans lesquels ils exercent, ont vu certaines de leurs thérapies se terminer précocement sans que le patient n’ait évolué autant qu’ils auraient pu raisonnablement l’espérer.

Il désigne un arrêt précoce de la thérapie (disons lors des cinq premières séances) sans l’accord du thérapeute.



Le drop-out, un phénomène de grande ampleur.


Les abandons thérapeutiques précoces constituent un phénomène massif et les études quantitatives portant sur cette question soulignent son ampleur et ses conséquences. Le drop-out touche de nombreux patients quels que soient leur âge, leur sexe, leur milieu social ou le type de thérapie qu’ils entreprennent.

Comme nous allons le voir, les chiffres, de ce point de vue, sont éloquents.

Drop-out: Plus de cinquante ans de recherches

Les premières études portant sur l’importance du drop-out sont anciennes. Elles insistent toute sur l’importance de l’arrêt précoce des thérapies.

Carl Rogers: La moitié des patients abandonnent avant la troisième séance.

Rogers s’est penché sur cette question dès 1951. Les études datant des années 50-60 montrent qu’environ la moitié des patients abandonne la thérapie avant la troisième séance.

Brandt: Un tiers des patients ne revient pas après le premier entretien.

Selon Brandt (1965), plus d’un tiers des patients (36 %) ne revient pas après le premier entretien. En 1975, une étude synthétisant la littérature sur ce sujet est venue confirmer ce chiffre : Baekeland et Lundwall constataient que le taux d’abandon après la première séance varie entre 20 et 57%.Ces taux d’abandon très élevés ont été constatés, dès cette époque, pour des types de population très différents témoignant de l’extension du phénomène.

Garfield: Les deux tiers des patients arrêtent leur thérapie avant la dixième séance. Des études plus récentes (Barret, 2020) ont également observé la précocité des abandons unilatéraux de la thérapie. Selon une étude menée par Garfield en 1978, plus de 65% des patients arrêtent leur thérapie avant la 10e séance et, dans plus de la moitié des cas, la durée moyenne d’une thérapie ne dépasse pas 6 à 8 séances.

Recherches récentes sur l’abandon thérapeutique.


On retrouve régulièrement des taux très élevés d’abandon de la thérapie depuis plus de 50 ans. Les chiffres varient selon la définition du drop-out mais l’échelle de grandeur reste sensiblement la même : la moitié des patients met fin à la thérapie après quelques séances. Pourtant, le mode de prise en charge, le fonctionnement des institutions et des prises en charge libérales, les types de thérapies n’ont pas cessé d’évoluer en un demi-siècle. Tout se passe comme si ces évolutions n’avaient pas de prise sur le phénomène.

Dans une revue récente de la littérature, Barett (2009) arrive à cette conclusion :

« Sur 100 personnes consultant dans un centre de soins, seule la moitié d’entre eux reviendra après un premier entretien d’évaluation, ils ne seront plus qu’un tiers après la première séance de thérapie, 20 d’entre eux dépasseront la troisième séance, et moins de 17 iront au-delà de 10 séances ».

Abandon des thérapies : le rôle des premières séances.


L’ampleur des chiffres montre également le rôle crucial des premières séances. En effet, comme l’ont déjà montré Salta et Buick en 1989, le taux d’abandon diminue une fois que les patients ont dépassé la troisième séance.

Lorsque l’on parle de drop-out, il ne s’agit donc pas de patients lassés par une analyse interminable. Il s’agit plutôt de personnes qui n’arrivent pas à entrer dans le processus thérapeutique, reculant juste après avoir fait le premier pas.

Le taux de drop-out n’a d’ailleurs pas pu être mis en lien avec un type spécifique de thérapie.


Conséquences d’un arrêt précoce de la thérapie sur les patients.


Du point de vue du patient, le drop-out pose de nombreux problèmes. Tout d’abord, le patient qui a interrompu son travail avant le nombre défini par le thérapeute n’a pas pu suffisamment bénéficier de sa thérapie. En effet, la brièveté des thérapies va à l’encontre du bien-être des patients qui ont généralement besoin de temps pour faire évoluer des symptômes dont ils souffrent depuis de nombreuses années. Ensuite, un patient qui met fin à sa thérapie contre l’avis de son thérapeute, souvent même sans lui avoir fait part de son choix, risque de se sentir coupable. Il peut penser que sa thérapie s’est achevée sur un échec et qu’il n’a pas réussi pleinement ce dans quoi il s’était engagé.

Il est à craindre que les patients qui mettent rapidement fin à leur thérapie soient dans une plus grande souffrance psychique que ceux qui l’ont continuée et qu’ils aient plus tendance à se chroniciser dans leurs symptômes, allant de thérapie en thérapie sans réussir à les dépasser.

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